J’assistais en octobre à une conférence du philosophe sociologue Jean-Pierre Le Goff sur le malaise démocratique. Parmi les nombreuses idées partagées, une a retenu mon attention, notre société est à la recherche de système de valeurs. A la fois, nous sommes encouragés à développer notre autonomie de jugement (et tant mieux d’ailleurs), opinions qui se partagent aujourd’hui plus facilement, en quelques mots sur Twitter ou bien via le partage d’articles sur les réseaux sociaux ou de textes rédigés via un blog. Mais la pertinence, l’exactitude de ces avis ou textes ou encore la cohérence des débats proposés pourraient être améliorées. Et d’autre part, les mouvements communautaires et solidaires ont muté. D’un côté, les associations ont du mal à renouveler leurs bénévoles qui prennent de l’âge et de l’autre, de nouvelles formes de solidarités online prennent de l’essor : le succès des plateformes de crowdfunding pour soutenir une cause, une personne malade, le partage sur Facebook de messages de détresse, le ‘’soutien’’ des amis virtuels... Ces formes de solidarité gagneraient néanmoins à être davantage structurées car elles apparaissent parfois comme éphémères.
Selon Le Goff, nous sommes dans une crise de l’autorité et des institutions, commencée depuis les années 70 avec une remise en cause de l’autorité. Crise renforcée par la mise en lumière du manque de valeurs de nos élites et par l’obligation absolue de changer le système sans que de véritables actions soient proposées ou mises en place pour cela. A ce cela, s’ajoute un chômage de masse qui a accentué l’écart entre les dites ‘’élites’’ et le peuple. Il bouleverse les repères et engendre un manque de confiance (en soi et envers les organisations/institutions).
La fin du modèle communiste, le triomphe de l’économie de marché et de la démocratie libérale, la fameuse Fin de l’Histoire de Francis Fukuyama, ne laissent plus beaucoup d’options. Nous constatons aujourd’hui les dérives : des peuples vivant ces modèles se tournent vers d’autres façons de penser, populistes (suivez mon regard outre-atlantique et constatez le risque chez nous). Certains se tournent vers une idéologie religieuse radicale, retour à la tradition rigoriste, qui cherche à imposer une morale de vie. Et enfin d’autres vouent un culte, parfois déraisonné, à des marques reines. Oui, nous sommes bien à la recherche d’un système de valeurs qui doit redonner confiance, raisonnablement, apporter concrètement des solutions applicables. Vous notez le succès du documentaire Demain ?
Et cela se joue partout, localement dans les villages comme dans les villes, dans les PME comme dans les grandes entreprises. S’imprégner de références culturelles et historiques, former des élites/leaders issues du peuple, construire un discours sur du vrai, s’engager concrètement et initier des relations saines avec ses parties-prenantes. Tout un programme me direz-vous…